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Vendanges 2009

Dans les grandes années solaires, il arrive souvent que le soleil accompagne le raisin qu'il a mis tout son soin à mûrir jusqu'à la fin de la cuvaison et à la naissance du vin. C'est le cas cette année - année en « 9 » qui une fois de plus lie ce chiffre à l'astre de vie. L'été indien s'est installé dès la fin des vendanges et les vignes radieuses, soulagées de leur fruit, tous les jours changent « d'habit de lumière », devenant de plus en plus dorées, comme si la nostalgie des jours d'été se traduisait dans l'or dont se parent leurs feuilles avant de tomber et de s'abandonner au sol qui s'en nourrit.

Les cuveries bourdonnent d'activité dans les rues des villages qui s'étirent sous le soleil. Et les vignerons sourient en humant les parfums des cuves en fermentation qui leur rappellent à tout instant cette grande bénédiction des dieux qu'est un beau millésime en Bourgogne.

Non pas que tout fut facile. Au contraire. Dans le combat annuel du vigneron bourguignon avec une météo irrégulière et imprévisible, mais dont il sait que sans ses caprices il ne ferait pas de grands vins, la victoire souvent se dessine très tard, comme en 2008 où il fallut attendre la mi-septembre pour que s'ouvre la « fenêtre » de grand beau temps qui a permis à ce millésime de s'accomplir. D'autres fois, plus rares, comme en 1999, en 2005 ou en cette année 2009, la victoire est remportée bien plus tôt, dès le début du mois d'août. Mais bien sûr nous ne le savions pas à ce moment-là, occupés que nous étions, comme ce fut le cas pendant tout le printemps et jusqu'à la fin juillet, à défendre le raisin contre les attaques brutales d'oïdium, du mildiou surtout et même du botrytis.

Après un débourrement précoce, comme ce fut le cas lors de la plupart de ces dernières années, ces maladies furent en effet favorisées pendant les mois d'avril, mai, juin et même juillet par des pluies orageuses récurrentes qui ne laissèrent aucun répit au vigneron. Même si le soleil n'a jamais cessé d'activer le métabolisme de la vigne, la chaleur amenait quasiment chaque semaine des orages, qui, sans être heureusement trop violents - sauf là où la grêle a frappé, à Gevrey- Chambertin par exemple - obligeaient chaque fois à renouveler la défense phytosanitaire.

Or, c'est justement ces pluies du printemps qui ont permis à la vigne, grâce aux réserves d'eau qu'elle a alors constituées, de franchir sans stress excessif la période sèche que nous avons connue pendant tout le mois d'août - à l'exception d'orages le 15 août - et jusqu'aux vendanges. Cet équilibre hydrique a permis au feuillage de remplir pleinement son rôle « d'usine à sucre » et le raisin est parvenu à une maturité exceptionnelle.

La quasi perfection naturelle de cette récolte, notre équipe de vendanges l'a totalement respectée grâce à son expérience aujourd'hui consommée de la cueillette sélective. Nous avons d'ailleurs laissé pour un second passage les ceps les plus chargés ou trop jeunes pour prétendre à la finesse recherchée.

Résultat : les raisins qui ont défilé sur la table de tri sont parmi les plus beaux que nous ayons connus. On a vu comme en 1999 ou 2005 beaucoup de petites grappes, de baies millerandées, et, signe de grande année, les vieux ceps en général peu fructifères ont donné cette année une récolte généreuse de petits raisins, exemples somptueux du Pinot Noir le plus fin.

On a constaté aussi un phénomène typique des grandes années : les baies les plus exposées au soleil avaient « rôti » et le sucre quasi concentré qu'elles contenaient ne se livrant qu'en fin de fermentation, le vin a connu un véritable enrichissement naturel progressif, le vin terminant avec une richesse encore plus élevée que celle qui avait été constatée en début de fermentation.

La quantité n'est pas en reste : la belle sortie de raisins, calquée d'ailleurs sur celle de tous les fruits cette année, et une floraison généreuse ont donné une récolte de l'ordre de celle que nous avons connue en 1999 ou 2005.

Les vendanges se sont déroulées dans l'ordre suivant :

Le 10 septembre : les Cortons où la maturité était nettement en avance sur Vosne-Romanée.

Le 13 septembre : le Richebourg

Le 14 septembre : la Romanée-Conti

Les 14 et 15 septembre : La Tâche (le raisin de la jeune vigne de 8 ans est si mûr et fin que nous décidons de l'inclure dans la grande cuvée).

Les 15 et 16 septembre : la Romanée-St-Vivant

Les 17 et 18 septembre : le Grands-Echezeaux

Les 18 et 19 septembre : l'Echezeaux

Montrachet : l'évolution de la maturation des Pinots et des Chardonnays au cours de l'année a été curieuse et différente de la normale. Après une floraison des Chardonnays très en retard sur celle des Pinots (une semaine au moins), on a vu une réponse extrêmement réactive des Chardonnays aux dernières semaines de chaleur et le retard constaté à la floraison, qui s'était maintenu au cours de l'été, s'est trouvé quasiment annulé. Nous avons vendangé le Montrachet le 15 septembre avant d'avoir fini les vendanges des rouges et nous avons de très gros espoirs de produire l'un de nos plus exceptionnels Montrachet, tant le fruit était beau, doré, ultra mûr, en un mot somptueux et même d'une beauté défiant toute description.

A l'heure où nous écrivons ces lignes, le 7 octobre, les fermentations sont lentes, régulières, elles atteignent naturellement de hautes températures. La qualité du raisin, la richesse de sa « matière » permettent de rechercher des cuvaisons longues. Les robes sont grenats, presque noires. C'est un millésime de haute lignée, à la hauteur des somptueux raisins récoltés, qui semble être en train de naître dans les cuves.

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