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Vendanges 2006

2006 : encore "une année de vigneron" !

A l'heure où nous écrivons ces lignes, la vigne, soulagée de son fruit, a commencé à changer de couleur. Un doux soleil d'octobre caresse les flancs roux et or des coteaux. Les villages ont retrouvé leur calme habituel après le tumulte des vendanges. Les rues sont envahies de généreuses senteurs issues des cuveries où les fermentations sont en cours... c'est à une vraie fête des sens qu'invite la naissance d'un nouveau millésime !

Les conditions climatiques en 2006 furent un peu folles et mériteraient d'être racontées dans le détail tant elles furent source d'angoisse avant, contre toute attente, de nous rendre en fin de saison optimisme et confiance. En résumé, qu'a-t-on vu ?

- une longue canicule en juillet qui a souvent bloqué le processus végétatif de la vigne, même si celle-ci a montré une capacité de résistance remarquable.

- un mois d'août exceptionnellement frais et pluvieux, favorable au botrytis qu'on a vu se développer très tôt.

- dans ce scénario singulier, quel allait être le comportement de la vigne ? En fait, après ces extrêmes de chaleur, de froid et d'humidité distribués tout au long de l'été dans un ordre dispersé, inhabituel et contraire à la normale, un élément déterminant est survenu qui orienta le millésime vers une fin heureuse : un temps chaud, sans pluie aucune à partir du 1er septembre et qui se maintint ainsi pendant tout le mois, à l'exception d'un court épisode orageux les 23 et 24 septembre. Ces conditions parfaites vont permettre à la vigne d'utiliser efficacement les réserves d'eau retenues par le sol grâce aux pluies du mois d'août et ainsi d'accélérer le processus de mûrissement des raisins de manière tout à fait exceptionnelle. On a constaté en septembre des élévations de richesse en sucre équivalant à près de 2° en une semaine, notamment au cours de la troisième semaine de septembre.

Finalement ce sont des raisins aussi mûrs qu'en 2005 qui ont été vendangés. Bien sûr le botrytis né des pluies d'août, qui avait cessé de progresser avec l'arrivée du beau temps, est resté présent. A l'affût, il s'est d'ailleurs réveillé lors de la mauvaise journée d'orages du dimanche 24 septembre, en pleines vendanges. Heureusement il était trop tard et l'épisode fut trop court pour qu'il puisse déployer sa nuisance.

Année difficile donc, mais qui a laissé aux vignerons l'opportunité de faire de grands vins, à condition d'avoir engagé les moyens nécessaires pour vendanger des raisins mûrs avant que le botrytis n'ait eu le temps d'y mordre trop profondément.

Ces moyens, c'est bien sûr d'abord la maîtrise du rendement. Le Pinot fin porteur de petites grappes à baies millerandées a montré là toute l'importance de sa présence majoritaire dans nos vignes, même si, dans les jeunes plantes, un éclaircissage à la véraison fut nécessaire. Dans les conditions climatiques décrites ci-dessus, seuls des seuils de rendement bas pouvaient d'une part assurer une auto-défense satisfaisante de la vigne et de ses raisins contre le botrytis, d'autre part permettre d'obtenir la maturité précoce nécessaire pour que les raisins soient prêts à cueillir avant les nouvelles pluies qui se déclenchèrent à partir de la fin de nos vendanges.

La "philosophie" de la vendange elle-même fut aussi un facteur essentiel dans la qualité des raisins rentrés en cuverie. Capital en effet fut le rejet par tri ultra-soigneux du pourri, de tout le pourri. C'est là que notre équipe rôdée, quasi professionnelle a fait merveille. Du briefing de départ, écouté religieusement, jusqu'au dernier jour de vendanges, le travail fut exécuté à la perfection. Dans la vigne, Gérard Marlot, notre chef de culture, qui est sur le point de prendre sa retraite, et son successeur, Nicolas Jacob, firent un travail admirable pour relancer sans cesse la vigilance des vendangeurs. A la suite en cuverie, l'équipe de Bernard Noblet fit une fois de plus un vrai travail de "haute-couture" en "peaufinant" la sélection sur la table de tri.

En résumé, conditions difficiles, certes, mais excellentes en fin de saison, qui nous permirent d'amener à la cuverie des raisins gorgés de sucre et mûrs.

Nous restons quant à nous avec le sentiment d'avoir ajusté les choses aussi correctement qu'il était possible de le faire, tant au niveau de la date des vendanges - il fallait attendre une bonne maturité des raisins, mais aussi tenir compte de la présence et de la progression, même lente, de la pourriture grise - que des rendements, très modérés, ou de la sélection finale par le tri.

L'ordre de la vendange fut le suivant :

Richebourg ....................... 20 et 21 septembre

La Tâche .......................... 21, 22 et 23 septembre

Romanée-Conti ................ matinée du 22 septembre

Romanée-St-Vivant ......... 23 et 27 septembre

Grands-Echezeaux ........... 25 septembre

Echezeaux ....................... 25 et 27 septembre

Le Montrachet fut vendangé sous le soleil pendant la matinée du 26 septembre. Faible rendement et étonnante maturité des raisins de Chardonnay, dorés, juteux, pleins de sucre et botrytisés, mais légèrement, juste "ce qu'il faut" ! 2006 devrait produire un grand Montrachet.

Les rendements des vins rouges ne dépassent pas 28 hl/ha, soit des rendements proches de ceux de 2001.

Les départs en fermentation furent rapides et spontanés, les vinifications n'ont pas posé de problèmes, les durées de cuvaison ont été conformes à la normale, 18 jours en moyenne.

Il est actuellement trop tôt pour donner un avis définitif sur le niveau de qualité ou hasarder des comparaisons avec d'autres millésimes, mais, les premiers vins décuvés semblent à la hauteur de nos espérances : belles robes profondes, parfums généreux, impressions soyeuses en bouche, qui promettent des vins d'une grande finesse.

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